Les locaux étaient luxueux, propres et sans décoration fantaisiste — tout le contraire de ce qu'avait pu imaginer Klaus quant à l'environnement professionnel où évoluait sa compagne. L'allemand ne passait pas inaperçu auprès des quelques personnes qu'il croisait mais personne ne lui demanda son identité. Sa carrure était renforcée par sa veste en cuir ; sa violence naturelle par son regard acerbe. Il cherchait Anna, comme un prédateur en quête d'une victime. Ce qu'il ressentait pour elle, mélange exquis d'amour et de pulsions, ne cessait de le pousser à plus de temps en sa compagnie. Ou plus simplement, il escomptait désormais à baiser bien plus souvent, profondément et bestialement. En même temps que son appétit sexuel, sa jalousie connaissait un pic à peine vivable, il n'avait jamais autant frôlé l'envie de meurtre que lorsqu'un homme s'avisait à ne serait-ce que la regarder lorsqu'il était en sa présence. C'était sanguin, incontrôlable. Il trouva sa loge et ne frappa même pas avant d'entrer, découvrant un endroit vide mais contenant assez du parfum de Floyd pour apaiser ses nerfs. Il inonda ses poumons de cette senteur avant de s'emparer de son téléphone, s'essayant à contacter sa blonde salope : il entendit la sonnerie et débusqua le portable d'Anna parmi ses affaires. Fuck, fuck. Même si jusqu'à présent il était chanceux quant à son séjour dans le studio porno', il ne pouvait pas pousser sa chance plus loin. Au moins était-il sûr qu'elle repasserait par là tôt ou tard. Une infime partie de lui se sentait coupable de l'harrasser de rapports sexuels, lui confiant un rôle plus proche de la poupée que de la compagne, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Ne pouvait pas résister. Klaus avait besoin de sa dose, d'autant plus pour sa défense que cela faisait deux jours que son bassin n'avait pas cogné celui de l'actrice. Il quitta sa veste, s'installa dans un fauteuil et ferma les yeux.

Si cela lui avait paru impossible lors de son débarquement, il fut gagné par une torpeur à la limite du sommeil au fil des minutes. Après une nuit à errer de bar en bar avec son gang, il n'y avait plus que l'adrénaline à même à veiller que Mülher reste dans la réalité. En veille mais pas éteint, le motard restait à l'affût des sons du couloir. Il ne captait que des bribes. Des réalisateurs qui briefaient leurs caméramans. Des acteurs se vantant de leurs performances. Des maquilleuses/chauffeuses qui parlaient entre elles d'un tournage en cours. Puis, comme une alerte dans tout son système, il capta des syllabes prononcés dans une voix naturellement suave et qui réveilla l'ensemble de ses muscles. Il se leva presque immédiatement, invoqué sans le savoir par Anna qui avait déjà la main sur la poignée. Elle n'entra pas dans la foulée, retardée par une conversation brève, et Klaus se glissa à côté de l'ouverture de manière à rester invisible pour la nouvelle venue. Il était de nouveau qu'une fureur, qu'un désir ; et il referma à la place de sa blonde la porte, l'effrayant une ou deux secondes avant d'être plaquée contre un mur, soulevée et embrassée. Il ne la "relâcha" (cessa d'user de sa bouche serait plus exact) qu'après une minute, continuant à la transporter jusqu'à la table jouxtant son miroir. « Je suis désolé de passer ainsi à l'improviste, je souhaitais prendre de tes nouvelles. Voir aussi par la même occasion ce qu'était l'existence d'une actrice de films pour adultes. Et te baiser.   » termina-t-il dans un souffle à son oreille, mordillant le lobe de celui-ci avant de retomber dans le siège à proximité. Klaus joua avec les longues jambes de sa compagne, y déposant des baisers et les caressant avec une espièglerie perverse. Elle était toujours assise sur le rebord de la table, légèrement en hauteur comparée à lui. « Si tu n'as rien de prévu, je te kidnappe. Ou je t'offre de l'occupation immédiatement. »