En juillet, j'aurai trente ans. Pour certains, c'est la fin du monde avoir trente ans mais bizarrement je ne le vois pas comme la fin du monde. Peut-être est-ce parce que pour moi il y a des choses beaucoup plus dramatiques que vieillir. Telle que la faim dans le monde, la guerre au Moyen-Orient, des choses comme ça que l'on essaie d'arrêter, mais pas vraiment en même temps. On lit les journaux et on voit les photographies des journalistes en se disant 'oh mon dieu mais c'est horrible' puis on prend une autre gorgée de notre mochaccino de chez Starbucks avant de tourner la page pour voir ce qu'il se passe de nouveau dans le monde des célébrités, l'air rêveur. Mais mon histoire ne commence pas vraiment là.

Je suis né à Vancouver au Canada, d'un père professeur d'histoire au secondaire et d'une mère hygiéniste dentaire. J'ai aussi un frère, aujourd'hui comptable qui est plus âgé que moi, et une soeur, plus jeune, qui n'a pas eu beaucoup de chance dans la vie et qui est déficiente intellectuelle. Vous pouvez donc deviner que mon frère et moi ne sommes pas ceux qui ont eut le plus d'attention dans la famille, mais est-ce vraiment quelque chose d'important? Quand on pense à tout ça, il est plutôt compréhensible que ma soeur ait plus d'attention que nous, étant donné son retard. Très jeunes, mon frère et moi avons alors fait un pacte ; nous n'allions pas donner de problèmes à nos parents, ou du moins, nous allions leur donner l'illusion que nous étions tous les deux ces élèves modèles que tout parent rêve d'avoir. Seulement, dès que l'occasion se présentait, nous essayions tout ce qui nous était interdit. J'avais six ans la première fois que j'ai volé du whiskey à mon père, pour le boire derrière la maison de Jolene Walker, une fille de seize ans vraiment très belle à l'époque qui avait la très drôle habitude de laisser ses fenêtres ouvertes lorsqu'elle se changeait, ce qui donnait aux jeunes un chouette spectacle.

Mon adolescence m'a fait ressemblé à un caméléon lorsque j'y pense. Je volais de l'alcool à mes parents mais en laissait juste assez pour pouvoir dilluer à l'eau ce qu'il en restait, pour que mon père ne remarque pas le délit commis, et lorsque l'on me croyait profondément endormi, je partais discrètement faire la fête chez les jeunes les plus populaires de l'école. C'était ça la vie, surtout qu'à cette époque j'étais déjà un talentueux élève, ce qui voulait dire que je ne m'attirais jamais aucun problème. Je faisais partie de l'équipe de football et je m'entraînais souvent après l'école, donc les filles les plus jolies de l'école venaient assez souvent me voir, particulièrement dans mon lit quand mes parents n'étaient pas là. Puis dans la voiture, lorsque j'eus les moyens de m'en payer une. Une Volkswaggen noire, cinq places, plutôt jolie. Dieu sait combien de personnes y sont rentrées, ça, je ne pourrais le dire.

Je ne faisais pas que baiser et boire à l'époque, toutefois, ne vous inquiétez pas. En effet j'avais déjà commencé à devenir un talentueux écrivain, écrivant nouvelles, et commençant mon premier livre qui d'ailleurs fut publier. J'avais donc un avenir, mais la bouteille était toujours dans mes amis les plus fidèles, malgré tout. Je fis d'ailleurs des études jusqu'à obtenir mon diplôme universitaire en lettres pour être certain que l'on s'intéresse à publier mes livres. Je ne voulais pas me retrouver comme un con sans avenir. Je voulais quelque chose de payant, qui m'assurerais une belle vie au grand luxe. C'était ça que je voulais, et finalement, après avoir recherché et couru les maisons d'éditions de Vancouver, j'ai gagné la lutte et mon nom se retrouva sur les étagères. C'est là que la vie de petite Jet-Set canadienne commença. Dites à une fille que vous êtes célèbre, et c'est à peine si elle ne se déshabillera pas devant vous. C'est triste mais trop souvent ainsi. Mais je ne nierais pas que j'en ai profité, peut-être un peu trop même, mais qui ne l'aurait pas fait. Parfois ces rencontres dans les bars devenaient des relations de couple, mais ces relations n'ont jamais dûré plus de deux ou trois semaines. On finissait par me quitter, quand on se rendait compte que j'avais besoin de ma bouteille pour écrire, que sinon je n'étais même pas capable de les trouver intéressantes, parce qu'elles étaient souvent trop stupides, même.

Puis j'ai rencontré Amy, qui était magnifique. Une véritable bombe, en plus d'être intelligente. Elle étudiait encore pour devenir médecin, et désapprouvait mon usage abusif de l'alcool et je ne peux que la comprendre. Après quelques mois à habiter ensemble, je ne la croyait pas lorsqu'elle osait me dire qu'elle me quitterait, mais finalement, elle l'a fait, me laissant un mot sur le frigo, bourré d'insultes. C'est là que j'ai compris qu'elle me larguait pour de bon, et c'est là que la descente aux enfers a commencé. Ma vie qui s'était un peu calmée depuis que j'avais rencontré 'la femme de ma vie' ne semblait que pire. Je bois plus que je ne buvais selon mes 'amis' et j'ai commencé à me montrer de plus en plus désagréable. Je ne suis plus la même personne que j'étais et tout ce charabia a a commencé à me lasser, et c'est par hasard, en écrivant et faisant des recherches sur internet que j'ai trouvé une publicité pour Tijuana.