1998 - Tijuana – Casa de la familia Dakota.

PRINCIPIO. J'ai neuf ans. Je suis jeune, mais la vie va d'ores et déjà s'occuper de moi.
Il est 20h et je suis dans ma chambre. Je n'ai pas le droit de sortir parce que ma maman est en train de travailler. C'est comme ça tous les jours, de 20h jusqu'à deux ou trois heures du matin, parfois plus tard depuis que papa est parti. Son travail n'est pas sans risque et parfois les gens pour qui elle bosse ne sont pas toujours très aimable. C'est pour ça que je ne la dérange pas. De toute façon, elle me l'a interdit. Alors je reste dans ma chambre, avant qu'elle m'y emmène elle me prépare un sandwich que je mange dans mon lit. Pain, beurre, salade, tomate. C'est le même tous les jours de la semaine. Ce n'est pas très nourrissant mais je m'en contente.
Ce soir là, maman et très agité pour son travail, je crois qu'elle à la pression parce qu'elle reçoit quelqu'un d'important. On sonne à la porte. J'entends ses talons sur le plancher se diriger vers l'entrée. Puis un couple de pas qui monte à l'étage. Quelques minutes plus tard, maman a commencé son boulot. Je le sais parce que j'entends des râles masculins et le lit qui grince. C'est son premier client de la soirée. Maman est une prostituée.



2002 - Tijuana – Colegio de Keshawn.

ENCUENTRO. J'ai treize ans. Je crois que c'est ma plus belle rencontre.
La sonnerie retentit. J'abandonne les mathématiques avec plaisir et me rue dans la cours de récréation. Je joue au foot avec quelques garçons de ma classe. Je les aime bien, surtout Mick avec qui je reste souvent mais j'apprécie tout aussi bien la solitude. Je m'éloigne et cherche un endroit où m’asseoir. Une jeune fille est assisse par terre contre la bâtisse de l'école et joue avec la poussière du sol. Elle semble triste et seule. D'ordinaire, je ne serais pas allé la voir mais quelque chose en elle, me pousse à m'avancer vers elle. Je m'assois à sa droite et la regarde. Ses cheveux châtain glisse le long de ses épaules. On dirait de la soie et j'ai envie de les toucher. Je me retiens. Son visage est doux et ses yeux me font l'effet d'un choc électrique. Elle se tourne vers moi. _ Moi c'est Kaylyn-Jewel et toi ? C'est vrai, c'est un véritable joyau.. _ Keshawn. Dis-je simplement. Elle me sourit. Son visage est rayonnant, c'est la première fois que quelqu'un me fait cet effet. On reste là, l'un à côté de l'autre, sans rien dire, jusqu'à la sonnerie qui annonce la reprise des cours.
Parfois à la sortie des cours, elle est là, elle m'attend. On développe une complicité incomparable et unique. Il nous arrive parfois de discuter pendant des heures sans voir le temps passer. On commence à se voir en dehors des cours et nous ne nous lâchons plus. Je l'aime. D'un amour figé entre l'amitié et l'amour.
Kaylyn et moi c'est à la vie à la mort.


2004 - Buenos Aires – Carta de Kaylyn.

SALIDA DE KAYLYN. J'ai quinze ans. Elle est partie.

Keshawn,
Je t'écris de Buenos Aires, où ma mère à voulu que je continue mes études. Je ne t'ai pas prévenu pour ne pas que tu me retiennes. Je ne voulais pas que l'on se dise adieu..
Le lycée où je suis ne me plait ni ne me déplait. A vrai dire, j'aurais préféré rester avec toi. Peu importe où tu sois. Mais je crois qu'elle ne me laissera plus partir de Buenos Aires. Et je ne pense pas que l'on se reverra.
Le mieux serait que tu m'oublies..

Kaylyn

2008 - Tijuana – Casa de la familia Dakota.

TRASTORNO. J'ai dix-neuf ans. La quiétude ne fait pas partie de ma vie.

Ma mère est toujours une pute. Je ne la juge pas mais elle est salement tombée dans la drogue. On ne se parle pratiquement plus. Et je ne suis plus enfermé dans ma chambre lorsqu'elle « travaille ». Parfois, lorsque je vais dans la cuisine, je passe devant sa porte qu'elle oublie de fermer et j'entrevois de temps à autre la bête à deux dos.
Je soupire et passe mon chemin. Voir ma mère baiser n'est pas vraiment ce que je préfère. Je commence à faire chauffer de l'eau pour les pâtes puis ouvre le frigo pour grignoter quelques restes froids en attendant que l'eau bout. J'écoute le frémissement de l'eau pour ne pas à avoir à entendre ce que fait ma mère. Ce soir là est particulièrement bruyant. J'entends des coups, des cris puis plus rien. Le client de ma mère redescend les escaliers et ouvre la porte à la volée en criant que cette femme est une furie. Je monte les marches quatre à quatre et entre dans sa chambre. J'approche de ma mère qui se tient nue et recroquevillée sur le lit comme une fillette apeurée. Et la couvre d'un drap en lui murmurant que je suis là et que l'homme est parti. Elle n'a jamais voulu me dire ce qu'il s'était passé. De toute manière elle était bien trop camée à ce moment là pour aligner deux mots..
Le lendemain matin ma mère est toujours dans sa chambre mais la vie à quitté son corps. A côté d'elle, un reste de coke.
Overdose.


2012 - Tijuana – Calle.

VIDA NUEVA. J'ai vingt ans. Je vole de mes propre ailes. La vie continue. Je vis de petits boulots quand ça me chante, j'ai un petit appartement deux pièces dans lequel je vis seul et que je paye tant bien que mal. Kaylyn est revenue depuis trois ans. Pourtant notre relation est toujours aussi compliquée. Nous ne sommes pas un couple. Je crois que dans le fond on s'aime vraiment mais qu'on n'ose pas se l'avouer à nous même. C'est pour ça que chacun vit sa vie. Les conquêtes affluent de mon côté, tout comme du sien. Pourtant une certaine jalousie s'est installée entre nous. Mais la possessivité que j'ai envers elle et qu'elle a envers moi ne suffit pourtant pas pour que nous arrêtions de batifoler à droite et à gauche. Je ne pense pas qu'un jour ça changera.
Kaylyn / Keshawn c'est une histoire impossible. Mais nous sommes incapables de nous séparer.


2012 – Tijuana – Piso de Keshawn.

SEXO. You let me penetrate you, you let me complicate you.
Il fait noir mais les lumières de la ville parviennent tout de même à se glisser à travers les stores des fênetres.
Elle est là. Belle. Nue. Son corps est si beau qu'à sa simple vue, mon sexe se durcit. Elle esquisse un sourire. Elle aime plaisanter sur le fait que je n'ai pas besoin de la toucher pour que mon corps se mette en état d'excitation. Elle me frôle de ses mains et s'allonge sur moi. Je caresse son visage, où un sourire que je connais bien ne cesse de perpétuer. Sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration qui se fait plus rapide lorsque mes caresses se font plus appuyées. Agrippe ses hanches et la force à se coller un peu plus à moi. Je sens son corps brûlant contre le mien. Son souffle chaud dans mon cou. Je la sens frémissante, impatiente. Elle n'attend qu'une chose et moi aussi. Mais je fais durer le plaisir, je fais durer cette petite frustration. Je la savoure, comme on se délecte d'un nectar. Mais elle ne tient plus et met fin à ce petit jeu. Elle empoigne mon sexe et se met à jouer avec. Je ne desserre pas l'étreinte sur ses hanches et l'embrasse fougueusement. Je bascule de manière à me retrouver sur elle. Nos corps s'assemblent, s'emboitent et s'entremêlent dans un plaisir fulgurant.
On baise avec amour et c'est si bon.