Nathaniel est le seul enfant des Calloway, famille plus ou moins friquée établie à New York. Son père, chirurgien de renom, ne fut pas fort présent durant sa jeunesse en raison de son travail, néanmoins, sa mère parvint à assumer les deux rôles et à lui offrir une certaine stabilité. Son statut d’enfant unique et qui plus est élevé par sa mère se fit ressentir dès ses premières années d’école. Privilégié, il réclamait toute l’attention et n’hésitait pas à faire opposition à la gente masculine, que ce soit du côté de ses camarades que de ses professeurs. D’ailleurs, ces accrochages – et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux ! – lui valurent, hormis de multiples remarques, une fameuse réputation. On peut dire que partout où il allait, Nathaniel se faisait respecter. Il avait nombre de stratagèmes pour soumettre ses congénères : faire le gros cou en laissant entendre que sa famille était l’une des plus riches de New York ou encore que son père était le meilleur chirurgien du pays. Certaines de ses paroles étaient excessives, voire même fausses, mais l’enfant eut très vite compris que dans la vie, ce qui importait, c’était l’apparence. Pour en revenir à son père, l’américain lui vouait un véritable culte. Était-ce parce qu’il offrait à son fils tout ce qu’il désirait afin de combler le manque qu’il occasionnait ou était-ce parce qu’il était son modèle, riche personnage vivant à cent à l’heure et fréquentant les milieux les plus huppés de la ville ? Surement un peu des deux.

Bref, revenons-en à la scolarité du jeune Calloway. Malgré ses écarts comportementaux, il eut toujours de très bons résultats, si bien qu’il put intégrer la meilleure fac de médecine et prétendre aux études de chirurgien dès sa sortie d’école. C’est à cette période de sa vie que Nathaniel prit goût à l’argent et à tout ce qu’il pouvait apporter. En effet, son père, on ne peut plus fier que sa progéniture suive ses traces, était revenu en force dans l’existence du garçon et l’emmenait désormais partout avec lui ; soirées chic, gala, casino, tout y passait ! Un soir où son père était légèrement alcoolisé, les deux hommes eurent une discussion au sujet des femmes. Nathaniel, qui pourtant était loin d’être un saint, n’avait jamais présenté personne à ses parents et, pour aller plus loin, n’avait même jamais couché avec une fille. Bien trop fier pour l’avouer à son géniteur, il prétendit qu’il avait connu un tas de femmes mais qu’aucune ne méritait qu’il s’y attarde. Convaincu de la véracité de ses dires, le vieil homme prit son fils par le bras et l’emmena dans un bar à strip-tease, endroit où il était considéré comme habitué. On peut dire que de cette nuit, Nathaniel en gardera de nombreux souvenirs ; en effet, là était sa première expérience des femmes. Très vite, il comprit qu’il ne lui était pas nécessaire d’user de son temps pour séduire les minettes étant donné qu’il lui suffisait de sortir quelques billets pour en avoir une à disposition. Malheureusement, il fut vite lassé de ne baiser que des prostitués, vulgaires objets à ses yeux. Il s’intéressa donc aux femmes qu’il côtoyait dans la vie : ses collègues, ses patientes, même les amies de sa mère ! Étant plutôt beau garçon, il n’eut aucun mal à amener la source de ses envies dans son lit. Néanmoins, Nathaniel découvrit une faille dans son système : à chaque fois que l’une de ses compagnes sortait de sa vie, il ressentait un espèce de vide impossible à combler. Soucieux de tomber amoureux et de ne plus pouvoir vivre comme il l’entendait, il redoubla d’efforts pour multiplier le nombre de conquêtes.

Une grande fête fut organisée à l’occasion des trente ans de Nathaniel. Tout le gratin new-yorkais y fut convié ainsi que certaines riches familles dont il s’était occupé en tant que chirurgien. Durant le repas, ses yeux s’arrêtèrent sur une femme, une espagnole à peine plus âgée que lui à première vue. Elle venait à peine d’arriver dans la salle qu’elle cherchait déjà à récupérer sa veste et à filer. Le jeune homme, ennuyé à l’idée de laisser partir une si belle proie, repoussa ses couverts et accourut auprès d’elle. S’en suivit une longue balade dans le parc de la ville, où tout deux apprirent à se connaître. Naweel – c’était son prénom – lui raconta qu’elle n’était ici que pour quelques semaines, le temps que sa situation s’arrange dans son pays d’origine, et lui avoua qu’elle ne faisait pas partie du même monde que lui. Si elle s’était pointée à sa fête, c’était uniquement parce qu’elle avait faim et qu’elle n’avait pas d’autres moyens de se nourrir. Nathaniel, pour qui l’apparence et l’argent comptaient beaucoup, eut soudain peur d’être vu auprès d’une pauvre, c’est pourquoi il l’emmena rapidement à l’hôtel, là où il passerait incognito. Celle-ci, bien que sans moyens, refusa les avances du jeune homme, même lorsqu’il agita quelques billets sous son nez. Frustré de ne pouvoir obtenir ce qu’il souhaitait grâce à ses moyens habituels, il s’engagea sur un tout autre chemin : celui de la violence. L’espagnole, ayant saisi la nature du personnage, eut tôt fait de repousser son agresseur et de prendre la poudre d’escampette. Nathaniel resta un moment dans la chambre d’hôtel, furieux d’avoir ainsi échoué face à une femme. Quelques semaines plus tard, le chirurgien la recroisa au détour d’une rue. Sa virilité profondément atteinte, il préféra changer de trottoir et faire semblant de rien, mais c’était sans compter sur la mémoire de la demoiselle qui se précipita sur lui. Leur échange fut bref mais concis : « Je te rejoins chez toi. » Étrange pour une entrée en matière, surtout après ce qu’ils ont vécu. Ne sachant pas qu’en penser, l’américain rebroussa chemin afin de rejoindre son domicile, un appartement des plus luxueux situé en plein cœur de l’un des quartiers chic de New York. À peine eut-il le temps de se débarrasser de sa veste que quelqu’un appuyait sur la sonnette. Intrigué, il s’arrêta face au parlophone et demanda à son interlocuteur de décliner son identité : Naweel. Devait-il ouvrir ? Sans même s’en rendre compte, le chirurgien avait poussé le bouton destiné à ouvrir la porte du rez-de-chaussée. Quelques secondes plus tard, la jeune espagnole se présentait face à lui pour la seconde fois de la journée. Ils commencèrent par discuter comme si de rien n’était, échangeant des blagues vaseuses tout en dégustant un bon vin. Néanmoins, l’ambiance prit très vite une autre tournure ; elle devint plus chaude, plus intime. Nathaniel, conscient de ce changement, en profita pour parfaire ses techniques de séduction et pour enfin prendre sa revanche sur cette femme. Au départ, l’hispanique se montra particulièrement timide, n’osant rien faire sans l’accord de son amant, mais elle prit très vite ses marques et s’affirma, arrivant même à attacher l’américain aux barreaux de son lit. Il n’était pas très friand de ce genre de pratiques mais pour l’occasion, il laissa passer. Malheureusement, les intentions de la dame n’étaient pas les mêmes que les siennes. En effet, celle-ci sortit son appareil photo de son sac et le mitrailla tout en mimant la réaction qu’auraient sa famille, ses amis et ses collègues à la vue de ces images. Nathaniel commença par s’énerver, la menaçant de mille et une atrocités, mais comprit rapidement qu’il ne devait pas fonctionner ainsi pour arriver à ses fins, soit détruire l’appareil photo. Il se mit à penser à des histoires et à des images tristes, de façon à ce que des larmes viennent perler au coin de ses yeux. Pour faire plus vrai, il se recroquevilla du mieux qu’il put et fit semblant de renifler. Naweel, ne s’attendant absolument pas à voir le jeune homme dans cet état, posa son appareil et grimpa sur le lit. Elle le libéra de ses menottes et vint se blottir contre lui, ne s’attendant nullement à ce qu’il se reprenne si vite. L’américain frotta rapidement son visage, enlevant toutes traces de ses larmes, et poussa violemment celle qui devait être son amante. Il sauta sur l’appareil photo et le détruisit à coups de pied, s’acharnant dessus afin qu’il ne puisse plus jamais fonctionner. Une fois qu’il en fut certain, il se rua sur l’espagnole et l’attacha à son tour afin de la baiser sauvagement, chose dont il avait envie depuis qu’il l’avait rencontrée. Après l’avoir possédée plus d’une fois, et constatant qu’elle était à bout de force, il la détacha et s’installa confortablement dans son lit afin de dormir. Chose très mystérieuse, Naweel ne tenta pas de s’échapper, au contraire ! Elle se blottit contre celui qui l’avait violenté et s’endormit à son tour. Le lendemain matin, tout deux se réveillèrent, un sourire profondément ancré sur leur visage. C’est à partir de ce moment qu’un amour naquit entre eux et que leur relation devint sérieuse. Malheureusement, l’espagnole fut contrainte de retourner dans son pays quelques semaines après, sa situation étant régularisée. Nathaniel en fut profondément attristé, si bien qu’il ne fréquenta personne des semaines durant. C’est un mail de la part de son ex-compagne qui le fit redevenir celui qu’il était avant, si pas pire ! Dans ce mail, la jeune femme lui expliquait qu’elle avait rencontré un homme adorable et qu’elle comptait l’épouser, et comble de l’ironie, elle l’invitait à son mariage. L’américain, rageur, envoya valser son ordinateur et se rua sur la première donzelle venue. Il était tombé amoureux d’une pimbèche qui n’avait pas hésité à le remplacer à peine leur relation terminée, alors que lui était resté prostré pendant des jours ! Nathaniel se fit la promesse de ne plus jamais ouvrir son cœur à l’une de ces diablesses et d’en profiter autant qu’il le pourrait, si pas plus.

Le patron du chirurgien, qui était au courant de ses ambitions par rapport aux femmes, lui donna l’opportunité de prendre un poste à l’hôpital de Tijuanua, une ville du Mexique où la débauche régnait en maître. Tenté par l’idée, l’américain fit ses bagages et s’envola pour la capitale du sexe, de l’alcool et de tout ce qui est mal vu aux yeux de la bonne société.