▻ Manies et habitudes
il vend de la drogue, mais n'en consomme pas : hors de question d'être dépendant de quoique ce soit à ce niveau là et ce serait affreusement mal vu pour un flic de se droguer, bien entendu ; ça l'aide d'ailleurs au niveau du chantage ~ il est extrêmement cultivé, et s'il l'aurait bien voulu, il aurait pu faire des études plus poussées, et il lit plus souvent qu'il ne regarde la télévision, ça a le don de vite le saouler ~ le whisky est son alcool favori, il pourrait s'hydrater de ça uniquement, et de café, généralement puisque ce sont des genres de drogues indécises dont il ne se passerait guère, il est très exigeant au niveau de son café (il déteste le jeu de chaussette et le prend très serré) et son whisky qu'il prend sans glace ~ le sarcasme est son arme favorite, peut-être bien qu'il n'agit uniquement ainsi parce que c'est ainsi qu'il a toujours dû fonctionner : ça le rend plutôt solitaire et il se met pas mal de gens à dos ~ il est extrêmement organisé, et plutôt maniaque, il aime l'ordre et tout contrôler, les imprévus, ce n'est franchement pas son truc, encore moins quand ils s'immiscent dans sa vie ~ l'impulsion est son plus grand défaut, il est extrêmement sanguin et il n'a aucunement le sens des négociations, ce qu'il veut, il l'obtient coûte que coûte, ce qui le rend incroyablement tenace ~ depuis son plus jeune âge, il joue du piano, et à l'adolescence, il a commencé à apprendre à jouer de la guitare, niveau sport, il fait un jogging chaque matin et se muscle beaucoup, rien que pour son travail ~ il n'existe pas plus ponctuel que lui, il déteste les nonchalants qui arrivent en retard et peu de choses peuvent l'irriter plus encore, si ce n'est les gens persuadés qu'il est intéressé par leurs petites histoires de vie ~ il n'aime pas particulièrement son job, mais ça l'aide à éviter pas mal de problèmes dont pourquoi s'en passer, c'est bien la seule chose qui le motive à aller bosser le matin, et certainement pas ses collègues ou l'endroit miteux où il bosse ~ ses nuits sont plutôt courtes, généralement parce qu'après le boulot, il a facilement tendance à sortir pour vaquer à des occupations pour le moins sommaires, mais il n'a pas besoin de masse de sommeil ~ son honneur, c'est bien la chose la plus importante à ses yeux : on ne se fout pas de sa gueule sans en récolter les conséquences, il est extrêmement rancunier ~ il est un brin misogyne, et ça doit venir de son éducation, les femmes, il ne leur porte que peu d'intérêt, si ce n'est pour des amusements primaires à souhait ~ c'est un très bon observateur, qui sait déceler les petits signes trompeurs chez les autres, les malaises sur les visages ou les mensonges qui sont traduits dans les mouvements corporels d'autres, ça éveille son côté minutieux plus que tout, faisant de lui quelqu'un de très précis ~ ce n'est certainement pas un bourreau du travail, moins il bosse, mieux il se porte et son côté rebelle le pousse toujours à en faire au gré de ses envies ~ si le sexe est comme une drogue qui le rend insatiable à souhait, les séances de charme l'amusent assez pour qu'il s'y donne à coeur joie : quel est le but de baiser juste pour baiser ? sentir une femme tomber dans ses filets, c'est sûrement bien plus intéressant ~ les gestes de tendresse, ce n'est franchement pas son truc et ça le gave vite, s'il en vient à être tendre, c'est qu'il faut se méfier, car ce serait mielleux à souhait et totalement faux.

▻ Votre dépendance
C'est une dépendance dans laquelle il se complet parfaitement, quelques petits sursauts palpitants dans sa vie misérable et si être "dépendant", c'est se contenter parfaitement de ces éclairs d'existence, alors il prend la qualification avec plaisir. Le sexe, c'est à quatorze ans qu'il l'a découvert, avec une de ses profs de lycée et comment aurait-il pu lui dire non ? C'est très vite qu'il a découvert tous les travers de plaisirs de la chair et bien entendu, il a su en profiter avec plaisir. De toute manière, aucune personne correctement constituée ne pourrait se passer de sexe bien longtemps, non ?

TIJUANA (21 ANS) « Tu comptes faire un effort ou juste la gueule pour le reste de la soirée ? » Un soupir le trahit, alors qu'il s'acharnait à faire dos à la jeune femme, ses yeux se levant vers le ciel avec dédain. Devait-il se donner la peine de répondre à une question pareille ? Après tout, probablement que la réponse ne plairait pas à la jeune femme. Ne plairait pas non plus à sa "famille", celle-là même qui le foutait dans une merde pareille pour des histoires qui, en principe, ne devraient pas le concerner. « Devine. » C'est la seule chose qu'il se donna la peine de répondre, l'énervement pimentant dangereusement sa voix alors que ses gestes se faisaient saccadés, entrecoupés de violentes prises de conscience qui le rattrapaient à chaque seconde. Qu'est ce qu'il foutait là ? C'était son nom, le nom maudit qu'il portait, l'héritage qui glissait dans ses veines avec acharnement qui l'avait conduit ici. Qui l'avait conduit devant cet autel maudit ce matin, à s'engager dans une voie qui, pour sûr, n'était pas celle à laquelle il s'était prédestiné au début de cette année. Vingt-et-un ans, et toute la vie devant lui, et toutes ses volontés qui l'éloignaient inlassablement du lit sur lequel elle était couchée, délicieuse jeune femme, brune, douce, probablement. Mais dont chaque parcelle le révulsait avec violence, parce qu'elle lui était imposée. Parce que ce n'était pas lui, c'était tout ce qu'il avait décidé de fuir, en voyant l'existence de ses parents tomber en lambeaux, en voyant sa mère baiser sur la table de la cuisine avec un inconnu de la moitié de son âge. C'était au tour de la jeune femme de soupirer sans la moindre retenue ; peut-être bien qu'il devrait faire un effort... elle ne se retrouvait après tout pas dans une meilleure position que lui, maudite par ses parents tout autant qu'il l'avait été. « C'est sûr, j'avais vraiment imaginé ma nuit de noces différemment, les rares fois où j'ai rêvé de mon mariage. » La lassitude le prit à cette simple phrase, rattrapé qu'il était par son caractère irascible à souhait. C'est ainsi qu'il fit volte face, rejoignant le bord du lit qu'elle n'avait toujours pas quitté. Et c'est avec indécence que son regard azuré glissa le long du corps qu'elle offrait à la vue de n'importe qui, parfaitement dessiné sous le tissu soyeux de sa robe hors de prix. Qui aurait reçu plus de succès dans un vrai mariage. Un mariage digne de ce nom, tout ce qu'il désirait fuir plus que tout. Tout ce qu'il fuirait avec acharnement. C'est en ignorant son allure de poupée parfaite qu'il lui attrapa le bras, avec une violence qui lui fit garder le silence, glacée d'un effroi tendu. Interdite, frissonnant pourtant sous la proximité qui régnait entre eux. Ses prunelles, pour les avoir soutenues tant de fois avec dédain, il les connaissait déjà, beaucoup mieux qu'elle, demoiselle qu'il avait rencontrée il y a quelques jours à peine. C'est pourtant avec la fougue d'un amant ardent qu'il lui arracha un baiser, sentant un long émoi lécher l'échine de la jeune femme sous sa main glissant dans son dos. Il était dévastateur, que ce soit par ses attitudes paradoxales, ses réactions enflammées, ses poignes électrisantes et doucereuses. Glaciales et bouillantes à la fois.

TIJUANA (28 ANS) « Je suis enceinte. Pas de toi, bien entendu. » Ces mots, désagréables paroles, elles vrillaient son esprit à chaque tentative qu'il avait de les chasser. Inlassablement, elles le détruisaient d'une colère sourde, rancunière contre la trahison qui s'était fichée droit dans sa fierté. Il semblait pourtant imperturbable, son regard fixé sur cette silhouette serpentine dont les formes parfaites se détachaient du fond lumineux. Elle s'agitait, suavement, lentement, tel un serpent chaud se glissant contre lui, le long de sa peau. Seuls les spasmes traversant ses mâchoires, les faisant crisper douloureusement le trahissait, invisibles dans la pénombre de l'endroit. Il n'en avait cure, sa main faisant tourner inlassablement le verre d'alcool ambré qu'il serrait entre ses doigts. Cet endroit, pour ainsi dire, c'était son lieu de culte, la zone misérable qu'il ne pouvait guère éviter, instable, insatiable. Le visage de son assassine femme disparut en un geste, alors qu'il sortait un billet de sa poche, esquissant un léger geste pour attirer la féline danseuse près de lui. Si près, assez près pour que la cascade de ses cheveux bruns vienne dangereusement glisser sur lui, en quelques empreintes de caresses distraites, glissées à l'échappée de tous les regards. Et c'est dans le tissu du soutien gorge de la belle qu'il glissa un doigt, fichant le billet dans ceux-ci, un sourire mielleux teintant les traits de son visage posté tout contre celui, noir, de la stripteaseuse. Si vulgaire, et pourtant si soigneuse dans le moindre de ses gestes. Le détachement dont il semblait faire preuve, perturbé, rattrapé par ses songes, ne sembla guère la déranger, la lascive démonstration qu'elle laissait défiler juste sous ses yeux se poursuivait inlassablement, lui arrachant un éclair lubrique au fond des iris. Elle glissait, comme une sirène ensorcelante, grisante au point de le décrocher de la réalité, quelques minutes durant, de délectables minutes. Et plus rien n'avait d'importance.