▻ Manies et habitudes
aime écrire avec la buée sur les vitres ♦ aime regarder la pluie ♦ joue de la guitare pendant son temps libre ♦ chante très bien ♦ mais ne sait pas danser ♦ car a deux pieds gauches ♦ n'est tombée amoureuse qu'une seule fois ♦ se lasse très vite ♦ aime apprendre de nouvelles choses ♦ est passionnée par le cinéma ♦ a la phobie du sang ♦ ne se laisse pas marcher sur les pieds ♦ mais garde souvent ses sentiments pour elle ♦ adore la nourriture chinoise ♦ aime boire une bière en regardant la télé ♦ n'est pas spécialement féminine ♦ déteste mettre des jupes ♦ mais porte parfois des robes ♦ fume une cigarette quand elle est énervée ♦ peut lire un roman de 500 pages en quelques heures ♦ est douée en mathématiques ♦ parle un peu espagnol et se débrouille en français ♦ voulait devenir cow-boy quand elle était petite ♦ ne pleure pas souvent ♦ est très douée pour contrôler ses émotions ♦ n'a jamais eu de problème avec la justice ♦ s'investit énormément dans sa vie professionnelle ♦ au détriment de sa vie privée ♦ ne fait pas confiance aux hommes ♦ depuis que son petit ami l'a quitté alors qu'elle était enceinte de trois mois ♦ fait du théâtre depuis qu'elle a 8 ans ♦ a participé à une quinzaine de concours ♦ rêve de vivre à Paris ♦ se prostitue pour arrondir ses fins de mois ♦ et subvenir aux besoins de son fils, Noah ♦ donnerait sa vie pour lui car seul son fils compte vraiment dans sa vie ♦ fait toujours une liste de toutes les choses qu'elle doit faire ♦ aime les films d'horreur ♦

▻ Votre dépendance
Je n'ai aucune dépendance, d'ailleurs je ne vois même pas pourquoi vous me demandez ça. Comme si c'était une évidence! Je suis une femme indépendante, je n'ai besoin de rien ni de personne, à part Noah évidemment, pour vivre. Je ne dis pas que je suis solitaire mais je dois avouer qu'un peu de solitude peut être bénéfique dans certains moments. Quoi? Non non, je suis quelqu'un de très sociable! Mais encore une fois, je ne comprends pas de quoi vous voulez parler. Vous vous attendiez à quoi? Je ne suis pas une droguée!

« Ethan ! Ethan s’il te plait, tu peux pas me faire ça ! » La porte claqua brutalement, et un sinistre silence s’installa soudainement. J’étais désemparée, perdue, apeurée, inquiète, triste et en colère. Comment pouvait-il m’abandonner ainsi ? Après quatre ans d’amour ! Je l’avais connu quand j’avais seize ans et entre nous, c’était du sérieux. Nous avions toujours été fidèles et, malgré les aléas de l’adolescence notre couple avait survécu. Il savait tout de moi, et moi je pensais tout savoir de lui. Je lui avais tout donné mais apparemment, ce n’était pas assez. Je me laissai lentement glisser contre le mur et calai ma tête entre mes mains, les genoux repliés contre ma poitrine et mon ventre. Ethan avait été mon seul et unique amour et je n’arrivais pas à croire que tout était définitivement terminé entre nous. J’espérais qu’il reviendrait, qu’il s’était juste un peu emporté sous le coup de l’émotion mais au fond de moi, je savais. Je savais que notre histoire était finie et que je venais de tout gâcher. Il m’avait demandé d’avorter et j’avais refusé. Pendant trois mois, j’avais réussi à lui cacher ma grossesse mais là, ce n’était plus possible, ça devenait visible. Si je lui avais dit plus tôt, il aurait peut-être mieux réagi. Peut-être même aurais-je accepté d’avorter. Parce que tomber enceinte à vingt ans, ce n’était absolument pas dans mes plans. D’ailleurs, Ethan et moi n’en avions jamais parlé et je dois dire que je n’avais jamais envisagé d’avoir un enfant. Mais maintenant, il était là, dans mon ventre, depuis trois mois maintenant. Ca peut paraître idiot mais, même sans le voir, je m’étais attachée au petit être qui grandissait en moi. L’idée d’avorter m’avait effleuré l’esprit lorsque j’avais appris que j’étais enceinte, et j’y avais beaucoup réfléchi. Avoir un enfant mettait ma carrière en péril ainsi que ma relation avec Ethan. Avoir un enfant, ça change une vie pour toujours. Ethan et moi n’étions pas particulièrement riches et s’occuper d’un bambin à deux aurait sûrement été difficile mais j’étais certaine que nous aurions pu y arriver. Il étudiait à la fac afin de suivre les traces de son père et devenir chirurgien. Moi, j’avais un emploi du temps assez chargé. Cours de guitare, cours de diction, de théâtre et même de peinture pendant un certain temps. Je travaillais comme serveuse et j’obtenais quelques fois un petit rôle dans un film ou l’autre. Je jouais sur scène, aussi. Bref, je ne m’ennuyais pas, au contraire. J’avais la vie dont j’avais toujours rêvé, malgré le fait que mes parents n’appréciaient pas mon choix de profession. Pour eux, être actrice n’était pas un métier respectable et ils auraient souhaité que je devienne avocate ou architecte. Mais je n’avais jamais été attirée par ces métiers. Avec Ethan, on se complétait parfaitement. J’avais très vite été acceptée par sa famille, et plus particulièrement par sa mère qui m’aimait presque comme sa propre fille. Non, je n’arrivais pas à croire que tout cela était terminé et qu’il avait réussi à balayer quatre années de vie commune en seulement quelques minutes. C’était comme si l’idée d’avoir un enfant le rebutait, comme si cet être que je portais était un monstre. Et pourtant, il était le père.
Je posai mes mains sur mon ventre et le caressai doucement de mon pouce, pendant que les larmes coulaient sur mes joues. « On va en vivre des galères toi et moi… » Je rejetai la tête en arrière et ravalai un sanglot. Il fallait que je sois forte. Pour mon bébé. Je devais me battre pour pouvoir lui offrir la meilleure vie possible. Et même s’il n’aurait pas de père, je saurais compenser. J’allais devoir jouer les deux rôles, gérer ma carrière, trouver un moyen de payer le loyer et de subvenir à ses besoins. Il n’y aurait plus de temps pour Nayeli la femme. A présent c’était juste Nayeli la maman et Nayeli l’actrice.



« Mamaaan ! » Je ne pus m’en empêcher et j’émis un petit rire en voyant mon adorable fils me faire signe de la main en m’appelant. Il était tellement mignon ! C’était une des rares fois où je pouvais passer la matinée avec lui. D’habitude, c’était Sarah, sa nounou, qui s’occupait de lui toute la journée. Ca me faisait mal de le laisser avec une autre femme et j’avais parfois peur qu’elle ne prenne ma place. Fort heureusement, ça n’était pas encore arrivé et je faisais mon maximum pour aussi présente que possible. J’avais malheureusement raté ses premiers pas mais par contre, j’avais été là lorsqu’il avait prononcé son premier mot. " Maman ". J’avais été tellement heureuse et fière ! Noah avait à présent quinze mois mais il ne parlait pas beaucoup. Il ne connaissait que quelques mots et ne parvenait pas à faire des phrases. " Maman ", "dodo ", "doudou " et " câlin " étaient les mots qu’il prononçait le plus souvent. Bien sûr il y avait aussi d’autres petits mots comme " là ", " toi ", " oui " et " non " mais il les utilisait sans vraiment en comprendre le sens, je pense. J’étais un peu inquiète d’ailleurs, je craignais que mon fils ne soit en retard par rapport à son âge mais ma mère me répétait sans cesse que chaque enfant évoluait à son rythme et qu’il ne fallait pas angoisser. J’avais été surprise, car mes parents avaient vraiment été là pour moi après ma rupture avec Ethan. Ma mère avait proposé de m’héberger mais j’avais refusé, voulant tout assumer et tout gérer. Je me sentais responsable de ce petit bout de chou, et je voulais parvenir à lui donner tout ce dont il aurait besoin. Et je pense avoir réussi. « Viens là, trésor. » Je fis grimper Noah, qui avait trottiné jusqu’à moi, sur mes genoux et passai mon bras autour de lui pour éviter qu’il ne tombe. Je l’embrassai sur la joue et dans le cou en lui chatouillant le ventre. Comme toujours, il éclata de rire et se mit à gigoter pour échapper aux chatouilles. « Je vais te mangeeeer ! » Je ris et fis mine de le manger en me penchant vers lui et en l’embrassant partout. J’adorais passer ces petits moments avec lui, le voir rire était le plus beau des cadeaux. Je finis par me redresser et repris mon sérieux en soupirant. Quelques minutes auparavant, j’étais plongée dans mes documents et mes factures à payer. Depuis quelques mois, j’étais devenue ce qu’on appelle familièrement une pute. Oui, c’était le mot. Une pute. Je me prostituais, je vendais mon corps contre de l’argent. Il était arrivé un moment où je compris que je n’avais plus le choix et que si je voulais pouvoir rendre mon fils heureux, il fallait que je me fasse de l’argent rapidement. Personne n’était obligé de l’apprendre, je pouvais faire ça de temps en temps, afin de gagner un peu plus. Pour mon fils. J’avais envie de chialer, tant cette solution me dégoûtait et m’effrayait. Tant la vie était dure avec moi. Offrir mon corps aux hommes, comme s’il s’agissait d’un objet … Il fallait que je pense à Noah. C’était pour lui, rien que pour lui. Je devais garder cette phrase en tête. Seulement… Je ne pouvais pas faire ça ici, à Londres. C’était trop risqué. Je ne savais pas vraiment ce que faisait mon entourage durant leur temps libre mais… Je préférais ne pas prendre le risque de me faire surprendre. « Tijuana… » Un producteur m’avait contacté, pour me proposer de tourner au Mexique, dans la ville de Tijuana. J’avais refusé, car il était inimaginable pour moi de passer plusieurs semaines sans mon fils. Mais finalement… C’était une opportunité qui ne pouvait se refuser. Ca me permettrait peut-être de gagner une belle somme… Et je pouvais y rester quelques temps. Tijuana était réputé pour être un lieu de débauche alors je ne tarderais sans doute pas à trouver une nouvelle boîte de strip-tease. D’accord, cette ville n’était pas un endroit idéal pour un enfant mais encore un fois, avais-je vraiment le choix ? « Tu sais quoi, mon cœur ? Je vais t’emmener ailleurs. En vacances ! On ira à la plage tous les deux pour la première fois ! Maman va gagner de l’argent mon chéri, et ainsi je pourrai t’offrir plein de cadeaux. » Je souris et embrassai mon fils sur la joue, qui me souriait aussi sans toutefois avoir vraiment compris ce que je venais de lui dire. Nous étions très complices tous les deux et un simple regard était suffisant pour qu’on se comprenne.