Je détestais attendre. Je détestais les files d’attende. En clair, je détestais attendre comme une cruche durant des heures dans une file d’attende. Mais si l’envie vous prenait d’aller danser pendant la nuit, avec alcool à volonté (même si payant), il fallait bien rester debout à attendre. Et j’avais vraiment envie d’aller me trouver quelques proies potentielles. Et donc, j’attendais depuis maintenant trois heures dehors. Heureusement, il ne pleuvait pas, il faisait même plutôt bon. Autour de moi j’entendais milles conversations différentes. Des ados qui espéraient ne pas se faire recaler à l’entrée par le vigile. D’autres espéraient eux, que telle ou telle personne soit présentes. Futile. Je n’allais jamais en boîte avec les autres. Pour plusieurs raisons. De une, quoi de plus chiant que d’attendre machin avant de rentrer ou de chercher brol pendant des heures parce qu’on veut rentrer. Deuxièmement, même si j’étais beaucoup plus ouverte que lorsque j’étais plus jeune, il n’en restait pas moins que j’aimais sortir seule. Et puis niveau amies filles, je n’en avais pas vraiment. A croire qu’elles me fuyaient. Bah, ça ne me dérangeait pas, au moins, il n’y avait aucuns problèmes de jalousies et d’idioties dans le genre. Et puis pour les mecs, soit ils étaient mes conquêtes, soit c’était Keshawn, simple non ? Quoiqu’il en soit, j’attendais seule à l’entrée de la boîte. Et je n’avais encore remarqué aucune tête qui sortait du lot.

Pour cette soirée - si on pouvait appeler ça comme ça - j’avais enfilé une (mini) robe noire à bustier. Et des talons vertigineux. J’avais aussi simplement laissé les cheveux tomber en cascade sur mon dos. Pour ce qui était niveau sac et tout ce bazar encombrant, j’avais tout laissé dans mon appartement. Je n’aimais pas m’encombrer de choses futiles. Et pour la carte d’identité, le vigile me connaissait maintenant. Petit à petit la file diminuait, et j’arrivais presque à voir les boutons noirs du nez du vigile. Ouais, entre nous, il n’était pas très frais. Un grand gars trop musclé et trop chauve. Tandis que je m’approchais, j’aperçu un garçon au cheveu noir près à entrer. J’entendis vaguement qu’il s’était fait recalé, et comme personne ne semblait le suivre, j’en conclus qu’il était venu seul, tout comme moi. C’est alors qu’il se retourna, presque comme une fatalité, n’essayant qu’à peine de rentrer. Et GOSH. Ce mec était (presque) un dieu. Sous son haut on devinait aisément les pictoraux qui se dessinaient légèrement. Et il avait un visage qui semblait tailler au couteau. Magnifique. Ouais, je ne devais pas laisser passer cette chance que de voir la seule personne potable s’échapper de la discothèque. Et puis Marcel (ou un nom de ce genre là, le vigile-là) ne pouvait rien me refuser. Je sortis précipitamment de la file et attrapait mon bel inconnu par le bras. « Ah, te voilà ! Ça fait des heures que je te cherche. Allez, viens ! » Et je le ramenais une fois de plus vers l’entrée, dépassant les quelques personnes qui étaient devant moi. Oh, et rien à battre. J’arrivais à la hauteur de Marcel. « Il est avec moi, laisse le entrer ! Pour… tu vois quoi ». Je lui fis un clin d’œil et rentrais enfin dans la discothèque, trainant toujours mon bel inconnu. Le vigile n’avait rien dit, rien fait. Ça le perdra !

Je me tournais ensuite vers monsieur muscles. Et je le coupais avant même qu’il puisse dire quoique ce soit. « Tu me remercieras d’une autre façon. » Le détaillant de haut en bas, je remarquais que je ne l’avais encore jamais aperçu à Tijuana. En même temps, il devait y avoir peut-être un million (et j’exagère à peine) de personne que je n’avais encore jamais croisé, ici. « Et c’est quoi ton prénom beau brun ? ». N’empêche qu’il me semblait un peu plus jeune que moi.

Cael était tout excité. Après plus d'une heure d'attente, il allait enfin pouvoir entrer dans une boîte de nuit. Ce sera la première fois qu'il allait fêter dans un endroit pareil. Après avoir passé des soirées à se contenter de regarder les autres s'amuser, il avait enfin les moyens de s'en offrir une, enfin presque, mais pas grave! Il voyait des jeunes de son âge se faire retourner, mais ne s'en souciait guère. Des Mexicains aussi, mais de ça, il ne s'en souciait pas non plus. Non lui, il allait passer, il était optimiste, comme toujours. Faut dire que se préparer pour cette soirée avait demandé certains efforts.

Le Mexicain avait accumulé un petit surplus d'argent au fil des jours. Il était encore sans toit, sans travail, mais il commençait à cumuler les amis, les connaissances, à avoir une routine aussi à Tijuana. Il s'était donc mis en tête d'aller en boîte ce soir et dans la journée, il avait croisé Seextine, une amie, à qui il avait fait par de ses intentions. Curieuse, comme toujours, elle lui avait demandé comment il comptait y aller, avec quels vêtements. Cael avait alors répondu: "ceux là", ce qui était un t-shirt blanc un peu sale et un jeans usés, avec des espadrilles qui l'étaient tout autant dans les pieds. L'Américano-Mexicaine avait alors bien rit et l'avait pris par le bras. Il fallait lui trouver des beaux vêtements pour sortir selon elle et il se trouve qu'elle en avait justement chez elle. Qu'est-ce qu'une fille faisait avec des vêtements pour homme chez elle, ça, c'était un vrai mystère. Toujours est-il qu'elle l'a habillé. Seextine lui trouva une paire de jeans bien propre, une chemise blanche, qui, selon elle, lui allait à merveille et puis une veste qui faisait un peu étudiant ou sport. Après quoi, elle le peigna, lui mit même un peu de parfum pour homme. Docile, il s'était laissé faire et à la fin, il doit dire que même lui aimait bien le résultat. Selon elle, il allait charmer toutes les filles et pouvoir aller dans n'importe quelle boîte grâce à cette tenue et c'est donc confiant que Cael était parti pour la soirée.

Arrivé devant le gorille à l'entrée, comme dans les films, le mec avec le crâne rasé et tout, Cael était tout sourire, n'ayant rien perdu de son enthousiasme initial qu'il avait au début même de quand il était dans la file. L'homme le regarda de haut en bas, l'air un peu sceptique et le jeune homme gardait son sourire un peu niais. Finalement, il lui dit non, trop jeune et lui pointe une autre boîte de l'autre côté de la rue, un peu au bout en lui disant que c'était un endroit pour lui. À voir la mascotte à l'effigie de l'entrée, une grosse grenouille, Cael eut un air désespéré. Quoi? Ah non, pas ça, pitié! Faut dire qu'au Mexique, dans les grandes boîtes, on laisse plus rentrer les touristes que les Mexicains, pour des raisons d'argent surtout. Après tout, dans ce pays, dans les grandes villes, certains centre commerciaux ont des accès réservés que pour les touristes et les riches mexicains, les autres doivent aller ailleurs. Les agents de sécurité contrôle les cartes de crédit. Même chose pour des quartiers entiers, les fameux quartiers "sécurisés". Une réalité que Cael ne connaissait pas beaucoup encore, ayant grandi plutôt dans la campagne.

Déçu, résigné, il s'écarta et fit demi-tour. La déception était grande, il venait de frapper un sacré imprévu. Les mains dans les poches, il s'en retournait la tête basse, suivant le long de la file qu'il avait faite pendant une heure, croisant quelques VIP qui eux, ne la faisaient même pas et entraient immédiatement. Il eut un petit regard vers les étoiles et se dit que sa soirée ne serait peut-être pas plus mal ailleurs, quand on le prit par le bras. Étonné, il eut à peine le temps de réagir qu'une belle fille avec une belle robe noire, genre méga-canon, l'entraîne vers le gorille, faisant comme s'ils se connaissaient et en moins de deux, il était entré dans la boîte. Un miracle, c'était un miracle! Dieu est juste mes frères!

Cael n'en revenait pas, il ne s'attendait pas à ça et réalisait à peine ce qui venait de se passer. Une fois entrée dans la boîte, il regardait le tout, comme ébahi. Il devait être assez évident que c'était sa première fois sur un lieu pareil. Il porta alors son attention sur celle qui lui dit qu'il aura l'occasion de la remercier. Il acquiesça aussitôt et reporta son attention sur une boîte remplie. Comme Kaylyn s'adresse à nouveau à lui, il reporte son attention sur elle et fait aussitôt un beau sourire. Il lui répond alors dans la langue dans laquelle elle s'adressait à lui depuis le début. Ça peut paraître un détail, mais pour lui, c'est important. Si c'est en espagnol, alors Cael parle de façon fluide, naturel, à l'aise. En anglais en revanche, il est beaucoup plus hésitant, un brin maladroit, il cherche ses mots, en confond certain et son accent latino en massacre d'autre.

-Cael, et toi?

Qu'elle se présente après ou non, il tenait à lui dire, après lui avoir dit un truc du genre "heureux de te rencontrer":

-Merci beaucoup de m'avoir fait entrer, vraiment. J'ai bien cru que c'était fichu! Je ferai tout pour te remercier.

La reconnaissance s'entendait dans son ton et se lisait dans son regard. Il était vraiment heureux et expressif comme il était, ça devait être évident. Cael est le genre d'homme pour qui tout transparait sur le visage et dans les yeux, que ce soit la colère, la tristesse, ou la joie, comme en ce moment. Du coup, il fait un mauvais menteur. Un brin naïf, il ne jouait pas à plus mature qu'il ne l'est vraiment. De toute façon, qui est vraiment mature à dix-sept ans? En tout cas, il ne réalisait pas tout à fait toutes les portes qu'il pouvait ouvrir en disant ce qu'il venait de dire.

Tenue:

Cael. Ouais, un nom de bombe. Ça sonnait très mexicain comme ça. Et au vu de son accent, je me doutais bien qu’il l’était. Bien que je parlais moi même espagnole (quoique pas des masses) et anglais, je n'avais aucun accent particulier, et comme ma mère m'avait depuis toujours appris l'anglais en premier lieu et que j'avais toujours été dans des collèges anglophones, je restais plus douée en anglais et puis les langues et moi, ça n’avait jamais fait bon ménage. Excepté peut-être celles qui se trouvent dans des bouches masculines et viriles. Ouais. Là alors c’était tout autre chose. Un autre tournant. Un autre niveau. Enfin, passons, ce n’était pas ça le plus important. Là tout de suite, c’était Cael. Mmh, ça sortait d’une façon tellement sensuelle. Et encore plus quand c’était prononcé avec ce petit accent. Décidemment, ma soirée ne s’annonçait pas si mal que prévu. Même pas du tout. Prépare-toi petit mexicain, j’ai faim. J’en profitais quand même pour lui dire que moi, c’était Kaylyn. Pas très courant, je vous l’accorde.

Il ne put quand même s’empêcher de me remercier. Plusieurs fois. Waaw. Il tenait vraiment à y rentrer lui, dans cette boîte. Il y avait des endroits tellement plus confortables pour entrer… Ouais, non, d’accord, ce n’est pas encore le moment. Tout sourire, je levais un peu la tête - oui parce que malgré qu’il soit plus jeune, on faisait la même taille, avec des talons - et l’embrassais. Ses lèvres étaient douces, je ne pus m’empêcher de lui mordre sa lèvre inférieure, c’était dangereux, ‘fin, il ne fallait pas que ça parte trop tôt. Nous avions toute la soirée. Ouais, au moins comme ça je lui annonçais la couleur. Et puis il pouvait toujours s’en aller. Mais cela signifiait donc qu’il devrait sortir de la discothèque. Tant qu’il était avec moi, il n’y avait pas de problèmes. Bien, bien. C’était donnant-donnant. Et puis, franchement, qui me refuserait ? Je vous le demande. Même moi, je me donnerais bien. Enfin, encore une fois je m’égarais.

Cette fois-ci, je lui pris la main, et l’entrainais à ma suite dans les pièces obscures de la boîte. Un peu partout, des couples s’enlaçaient, d’autres étaient proche de la délivrance. D’autres encore sniffaient je ne sais quelle drogue pourrie. Yep, je n’avais jamais goûté à cette merde, et ça ne me disait rien. Je préférais, et de loin, les plaisirs de la chair, la sueur des corps plaqués sauvagement contre un mur ou un lit. Ouais, ça c’était ma vraie drogue. Une addiction même. Je passais par le bar, et pris deux verres de bloody mary, bien alcoolisé pour bien commencer la soirée. La piste de danse et ses lumières tamisées nous faisaient face. « Tu danses ? » Et je ne lui laissais pas vraiment le temps de répondre. Moi, j’avais envie de danser. Et puis vraiment, on ne vient pas dans une discothèque pour regarder les autres se dandiner. On dandine avec eux, en se mêlant à la masse.

Du coin de l’œil, je remarquais des filles suivre des yeux le beau Cael. Et ouais les meufs, c’est le mien ce soir. Et pas touche. Prochainement initié aux plaisirs des boîtes. Je le tirais une dernière fois, et pris place au centre de la piste, tout en me mettant face à lui. J’ouvris un peu plus sa chemise blanche. Là, c’était mieux. « Parfait. C’est encore mieux comme ça. » Une nouvelle musique se mettait en place. Une sur laquelle on pouvait facilement danser. Parfait aussi. Je lui mis son verre entre les mains (je n’étais pas trop gentille ?!) Et pris une gorgée du mien, pour bien me mettre dans l’ambiance. Ouais, parce qu’entre nous, je ne tiens pas fort fort l’alcool.

Je me mis dos à monsieur muscles, et tandis que la musique bâtait son plein, je commençai à bouger des hanches au fil des notes. L’entraînant petit à petit avec moi. Vu comme ça, il n’avait plus du tout l’air d’un ado. Son corps, ses bras, son ventre, je sentais toutes ces parties contre moi, et tout ça me faisait encore plus d’effet qu’un verre de bloody mary. L’extase.

Kaylyn s'était adressée à lui en anglais. Sa compréhension de l'anglais était assez bonne, du moins, tant qu'on prononce bien et qu'on ne parle pas à la vitesse d'un tgv, ça va. Sinon, c'est plus problématique. De son côté, ça ne le dérangeait pas le moins du monde de répondre en anglais. C'est un peu la langue d'usage à Tijuana, une ville frontalière des États-Unis et très touristique. Du reste, c'était la moindre des choses de parler en anglais à cette fille qui venait de lui permettre de rentrer dans une belle boîte de nuit, sans le connaître d'Ève ou d'Adam. La belle fille s'appelait donc Kaylyn et il répéta son prénom à voix haute, avec une prononciation semblable à la sienne, comme pour mieux s'en souvenir, mais voir s'il avait bien compris aussi. Puis, à peine les présentations sont faites, que comme ça, sans crier gare, la fille lève la tête et l'embrasse, ce qui le prit un peu au dépourvu. Oh, il ne la repousse et même, aussitôt la surprise passée, il essaie de répondre au baiser, plus doux que sauvage. C'est qu'elle était bien spontanée et puis, si toutes les filles en boîte sont ainsi... il devrait sortir plus souvent! Quand elle tire sur sa lèvre, il se laisse un peu faire, c'était la première fois qu'une fille lui faisait ça et il se dit que décidément, Kaylyn avait une façon d'être bien sexy.

Woah, la soirée commençait fort et Cael fit un petit sourire un brin gêné, mais qui semblait aussi dire merci, aussi bête que cela puisse paraître. Il faisait chaud tout à coup, même pour lui qui est habitué à des températures digne du désert. Allait-il prendre ses jambes à son cou? Certainement pas! Une fille canon l'embrasse et il devrait se sauver? No, no, no, ça ne se passera pas comme ça. Il allait s'approcher pour l'embrasser de nouveau, question de montrer qu'à ce jeu, il n'est pas un débutant, enfin, en matière de baiser sur la bouche..., mais elle lui prit la main et l'entraîna à travers la boîte, vers le bar.

Ce fut une occasion pour le beau brun de se familiariser avec ce que c'est une boîte. De voir autant de monde vibrer à la même musique, danser, c'était grisant. D'en voir s'embrasser dans des coins obscurs, ça faisait drôle, ça en ajoutait à l'atmosphère. Il ne les regardait pas trop, il n'était pas voyeur. Le plus bizarre, c'était de la drogue. Oh, il sait ce que c'est, il sait que ça existe. Un de ses oncles est d'ailleurs un passeur de drogue aux États-Unis. La famille ignore ce qu'il est devenu et c'est un sujet tabou. Bref, quand il voyait des gens se droguaient, le temps qu'il réalise ce qu'il voyait, il détournait le regard, comme gênait, il se sentait mal, comme s'il participait au crime presque. Vous aurez deviné que Cael n'a jamais touché à de la drogue de sa vie. Enfin... Il a fumé de la cigarette une fois, il n'a pas aimé. Un joint? Il a manqué de s'étouffer. Des cigares, c'est trop gros, mais des petits cigarillos, enfin, il a eu l'occasion une fois et c'était bien, en le fumant lentement.

Oui, la boîte de nuit, c'est tout un univers et il entrait en contact avec ce dernier pour la première fois de sa vie, alors il devait s'y accoutumer. Sans doute que la clé de son accoutumance, c'était Kaylyn justement. Arrivé au bar, elle commande des verres pour eux et Cael rétorque alors, durant ce cours instant:

-Je peux té lé payer si tou veux?

Payer le verre bien sûr. Ça vous donne une idée de comment il parle, on ne reproduira pas le son à chaque fois han. C'était Kaylyn qui décidait et lui, ça lui allait, il dirait même que ça l'arrangeait, parce qu'il n'aurait pas su par où commencer, quoi boire, quoi faire, quelle fille draguer... L'embarras du choix voyez-vous. Il prit une gorgée de son verre et son regard croisa celui de la femme à ses côtés, qui avait une question toute simple à laquelle il hocha de la tête avec enthousiasme.

-Si, si.

Si et oui, c'est la même chose en anglais non? Si Kaylyn garde son verre, lui, il a tout juste le temps de s'étirer le bras pour le laisser sur le bar, avant de suivre sa cavalière sur la piste de danse. Ah ça, la danse, il connait et puis, il est assez doué. Il a ça dans le sang comme on dit et même si ce n'était pas de la musique latino qui jouait en ce moment, ça ne l'empêchait pas de se bouger les hanches, pas vrai? Son regard croisait parfois celui des filles et il leur faisait de beaux sourires. Woah, dites donc, d'autres filles s'intéressent à lui en plus. Finalement, le mec à l'entrer, il était peut-être jaloux, ahah! Finalement, ils s'arrêtent de marcher... là! dans ce minuscule espace entouré de plein de monde. Pourquoi ne pas s'être arrêté avant? Aucune idée et ne s'était pas important. Il eut alors un petit regard rapide de haut en bas, bas en haut. Bon sang... il avala de travers et justement, elle tendait ses mains pour ouvrir un peu plus sa chemise, ce qu'elle fit sans hésitation et il baissa les yeux comme pour constater, avant de les relever.

-Justement, j'avais chaud. Merci!

Il parlait un peu fort, pour se faire entendre. Un mec qui remercie une fille d'ouvrir sa chemise, on aura tout vu, mais c'était typique de Cael ça. Kaylyn avait récupéré son verre tout à l'heure au bar et lui rendit justement. Il croyait qu'il fallait le laisser au bar quand on allait sur la piste de danse. Bref, dès qu'il a, comme il a soif, il en prend une bonne gorgée, le vide genre à la moitié, si ce n'est plus. Il venait d'avaler sa gorgée que la belle fille se mit dos à lui et commença à bouger. Un souffla un petit coup, histoire de se détendre et se mit à danser aussi, de plus en plus à l'aise d'ailleurs. La gorgée avait fait du bien. Il avait de plus en plus chaud par contre. Ça devait être à cause de l'éclairage. Sa main libre se posa contre la hanche de sa cavalière, il baissait un peu la tête pour qu'elle sente son souffle près de son cou et il savait bouger le bassin aussi pour faire en sorte qu'elle sente son désir, mais combien aussi il avait du rythme.

Cael freine un petit instant pour prendre une autre gorgée. De toute façon, la musique changeait et il en profite pour demander, comme ça, histoire de faire connaissance entre deux chansons:

-Tu viens de où?

Bah oui, fallait qu'il en sache un peu plus sur cette Kaylyn non? D'ailleurs, dernier détail avant de clore, en ouvrant un peu plus sa chemise, la chaîne argenté avec un petit crucifix dorée au bout ne devait pas avoir échappé à la demoiselle. C'était juste un truc que tous les membres de sa famille ont. C'est qu'il vient d'une famille très croyante, lui-même l'est assez, mais pas trop non plus. Pas assez pour se priver disons.

Sa main sur ma hanche glissant sur le tissu de ma robe. Son souffle dans mon cou qui effleurait chaque parcelle de ma peau, me procurant mille frissons. Son bassin bougeant au rythme du mien, au rythme de la musique, m’entrainant un peu plus à chaque fois. Je ressentais tout puissance dix. God, c’était ça que j’aimais en soirée. A part son corps et la musique effrénée qui entrait dans ma tête, je ne voyais plus rien, je ne sentais plus rien. C’était comme ça que je voulais mourir. Submergée de plaisir et d’envie. Lentement, les notes diminuaient, prêtes à laisser la place à une autre chanson. Cael en profita pour boire dans son verre. J’en fis de même, mais je le vidais d’un coup sec. Un mec à qui on ne pouvait pas trop donner d’âge passa à côté de nous, l’air agar, sans plus ni moins, je lui refilais mon verre vide. De toute façon, dans l’état dans lequel il se trouvait il ne s’en rendrait même pas compte. Quoiqu’il en soit, j’avais maintenant les deux mains libres, parfait.

Toujours dos contre torse, je sentis le souffle du jeune homme venir frôler mon oreille, tandis qu’il me demandait d’où je venais. C’était souvent l’une des premières questions que l’on me posait. Soit parce que c’était usuelle, soit parce qu’on n’arrivait pas trop à me mettre dans une catégorie. Et je vous avoue que je ne le savais pas très bien moi-même. Certes j’étais née en Argentine, mais je n’avais jamais considéré ce pays comme étant le mien. Et je ne vivais pas depuis assez longtemps à Tijuana pour me dire que j’appartenais à cette ville. Comme je n’avais pas vraiment de famille, je n’avais pas vraiment de pays. Enfin, ce n’était pas le moment de m’apitoyer sur mon sort, et puis de toute façon c’était une question dont je n’avais strictement rien à faire. Une autre chanson passa avant que je me décide à lui répondre (oui, j’aimais me faire attendre, rire sadique.) « De Buenos Aires, même si je n’en ai pas l’accent ».

Je me tournais ensuite afin d’être face au jeune garçon. Et de ce fait, ma robe se plissa quelque peu, remontant sur mes cuisses. Bon, je devais peut-être lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, mais tant mieux. Un mec plus petit ? Rien de plus énervant. Je n’aimais vraiment pas être plus grande de taille avec une potentielle proie. Proie qui finissait alors bien vite aux oubliettes. « Disons que l’on s’en fou un peu pour le moment. » Glissant mes mains sous sa chemise (ah ouais, bien bâti le gaillard !), je poursuivis « Il y a plus intéressant, là toute de suite ». Et, comme ça semblait devenir une manie entre nous, je lui pris la main et l’entrainait encore une fois à ma suite. Si j’aimais bien danser, il ne m’en fallait pas trop, j’en avais vite marre. Ouais, je ne savais pas rester en place, j’avais tout le temps besoin de bouger, de ne pas rester dans la même position plus d’un quart d’heure d’affilé.

Au bout de la boîte, passé le bar et la piste de danse, s’étalaient une dizaine de canapé entourant des tables. Si, c’était une très grande boîte. C’est très simple, c’était la plus grande. En même temps dans une ville comme Tijuana, si il n’y avait pas de quoi satisfaire les principales envies des habitants, celle-ci coulerait vite. Enfin, quoiqu’il en soit, j’amenai Cael dans un des coins les plus tranquilles ou seul un fauteuil deux places se trouvait coincé entre deux murs. Bien, bien. Je fis asseoir, sans ménagement, le beau brun sur ses fesses. Et je m’assis à califourchon sur ses genoux. Sous les lumières, son visage prenait des effets plus durs, plus bruts, et encore plus virils. J’avais l’impression d’être un lion prêt à bondir sur sa proie. Ma robe qui était alors à mi-cuisse se retrouva bien au-dessus de ce mi-cuisse.

Lentement, faisant durer le plaisir, je m’approchais de son visage, de ses lèvres douces et attirantes. N’y tenant plus je fondis dessus (avec de la grâce, pas comme un vautour quand même). Je passais mes mains sous sa chemise, jouant avec sa peau bronzée, tout en me frottant langoureusement contre son corps musclé. Et tout en mordant sa lèvre inférieure. Ouais, j’adorais faire ça. Prendre la lèvre, et la tirer, juste un peu pour provoquer une décharge de désir. Soufflant dans son cou, je lui murmurais « C’est comme ça que tu me remercieras. » La soirée pouvait commencer.

C’était donc sa première sortie en boîte. Bah, que ce soit sa première ou sa vingtième, peu m’importait. C’était moi le maître du jeu, et j’en prenais un malin plaisir. J’aimais contrôler ce qui se passait autour de moi, sentir que l’autre s’abandonnait au plaisir procuré. Mais lorsque tout devenait plus sérieux, je préférais largement que les rôles s’inversent, que l’homme prenne le dessus. C’était étrange, certes, mais ça montrait bien que je savais me faire désirer. Enfin, que ça le soit ou pas, c’était mal façon d’agir, et je n’en démordais pas. Et puis surtout, je n’avais aucunes règles, aucuns scrupules, aucune pudeur. Barrières et interdits ? Je ne connaissais pas ces mots, exclus de mon vocabulaire.

Notre danse, si on voulait continuer dans la nomination du sport principal dans une boîte, continuait. Je sentais les mains de mon amant remonter lentement mais surement sur le haut de mes fesses. Je sentais ses mains partout, je ne sentais plus que ça. Un réel plaisir. Et puis monsieur muscle (oui, j’aimais bien l’appeler comme ça !) avait une attitude de blasé-heureux, appuyé nonchalant sur le dossier du canapé. J’avais maintenant ma tête plongé dans son cou, et je sentais son parfum envahir tous mes sens. Encore un autre plus. Sa chair était tendre, douce. Mordant par moment cette peau offerte, je sentis que Cael relevait sa tête. A mon tour, je la relevais, plongeant dans ses yeux bruns envoutant. Malgré moi, je lui souris. Il avait une beauté juvénile.

Par contre, sa question, si ça en était une me dérouta ou en tout cas me surprit quelque peu. Comment ? Comment ça comment ? J’haussais un sourcil avant d’éclater de rire. Pas d’un rire moqueur. Plutôt joyeux comme ça. Ce garçon me réservait bien des surprises. Passant une main dans mes cheveux afin de les remettre un minium en place, je lui soufflais « Allez, tu dois bien avoir une petite idée, non ? ». J’appuyais un peu plus fort mon bassin contre lui, et je m’approchais de sa bouche, à quelques millimètres à peine. « Et là ? » Je jubilais. Ce jeune homme avait une innocence enfantine qui me faisait perdre pied. Autour de nous, les gens se rapprochaient, chacun essayant d’avoir sa place sur un canapé. J’en fis même une essayer de voir si une place était libre à nos côtés. Je l’en dissuadai bien vite, non mais ! Les boîtes, c’était bien, certes, mais à partir du moment où on ne s’entendait même plus respirer, perso, ça me gonflait.

Bon, certes, c’était la première fois que Cael venait ici, il devait donc trouver ça génial ou quoique ce soit comme adjectif qui se rapportait à ce champs lexical. J’hésitais donc à lui proposer ce qui venait de me traverser l’esprit. Et puis si ça se trouve, il prendrait peur, ou me prendrait même pour une folle névrosée à la limite du psychopathe. Enfin, je n’en avais pas encore le regard. Je savais juste qu’au plus on resterait dans cette position, au plus mes pupilles deviendraient noires de désir. Seule chose qui changeait lorsque mon addiction se faisait sentir en manque. En même temps, il semblait d’accord avec tout.

Tant bien que mal, je me défaisais de l’étreinte de monsieur muscle. Me relevant du canapé. Une blondasse crut que je partais, prête à sauter sur Cael. Bien cru ma jolie, mais je ne suis pas encore partie. Encore une fois (ouais, c’était vraiment une habitude), je tendis la main à Cael et l’emmenait dans un des seuls coins où l’on pouvait s’entendre parler. Je m’appuyais contre un mur, et tirais le jeune brun vers moi. « On rentre ? Chez moi. » Directe ? Oui. Et je m’en foutais pas mal, en même temps, je le voyais mal refuser. « T’as pas le choix de toute façon, sinon je te kidnappe ! » J’avais essayé de dire ça avec un air sérieux, mais je sentais la malice poindre dans mes yeux. Je lui pris le visage dans les mains, et me mettant encore un peu plus sur la pointe des pieds que je l’étais déjà, je le ré embrassais avec fougue. « Viens. » Mais cette fois-ci, je ne lui pris pas la main, je lui fis juste un petit sourire angélique et commençais à marcher dans la foule. Qu’il me suive.

Ça faisait du bien de sentir qu'on plaisait à quelqu'un. Après tout, Kaylyn ne lui lançait pas des regards d'indifférence. Au contraire, il était à même de voir se désir qu'elle avait dans les yeux et ce n'était pas désagréable du tout de sentir un tel regard sur soi, pas plus que ses lèvres, ses mains, ses cuisses, tout le reste quoi. N'empêche, elle arrivait quand même à le déstabilisé un peu, faut dire qu'il n'était pas aussi habitué à voir une fille aussi entreprenante et tout ça. Quand il demande comment, elle semble aussi étonnée que lui par sa réaction et aussitôt, il se dit qu'il venait de gaffer. Sauf qu'elle finit par rire et aussitôt, il sourit, amusé lui aussi, il finit par rire avec elle, puisqu'après tout, le rire, c'est contagieux.

Kaylyn semblait vouloir jouer à un jeu de devinettes assez particulières avec lui. Comme il ne semblait pas tout à fait certain de ce qu'elle attendait d'elle au juste, elle allait lui faire deviner. Dès le début par contre, comme elle bougeait son bassin contre le sien, le jeune homme gardant alors sa bouche entrouverte. Quand la belle lui avait demandé une première fois s'il s'en doutait, il n'avait pas vraiment répondu, mais la deuxième fois, par contre, c'était si évident d'une part, qu'il ne pouvait pas faire autrement que de répondre.

-Ah si, c'est clair.

Cael avait beau être naïf, il avait ses limites. En voyant les gens qui rôdaient, le jeune homme écarta un peu ses mains. Disons qu'en public, il était moins à l'aise avec cette idée et d'ailleurs, de voir des gens, c'était un rappel pour lui du lieu où il se trouvait et du coup, de ce qui s'y passait aussi. Quand il croisa le regard de sa cavalière, il trouva qu'elle semblait bien pensive. À quoi pensait-elle. Il vint alors effleurer le cou de la belle avec ses lèvres, il avait envie de s'abandonner, un peu comme tout à l'heure et puis, son jeune corps était tout en effervescence. Pourtant, la belle se détache de lui, se lève et lui tend la main. Sans se poser de questions, il la prit. La soirée se déroulait plutôt bien depuis qu'il la suivait, alors il ne voyait pas de raison de ne pas prendre cette main tendue. Tandis qu'il s'avançait vers elle, Kaylyn mit au clair ses intentions. Aller chez elle?

-Déjà, mais on s'amuse bien ici!

C'est vrai, l'ambiance était extra, il y avait l'alcool, les filles aussi. Certaines lui tournaient autour dès qu'il se retrouvait seul, c'était enivrant, mais Kaylyn avait d'autres plans et au fond, ce n'était pas plus mal. D'abord, il lui devait un service et puis, comme elle le disait, elle le kidnappait, ce qui le fit bien rire.

-Alors c'est d'accord.

Un baiser fougueux suivit alors, énergique, chaleureux même, dans son cas. Son corps entier bouillait de plus en plus. Il faut dire qu'elle avait su l'animer, mais maintenant, il devait se montrer patient, jusqu'à ce qu'ils soient chez elle du moins. Après ce baiser assez prometteur, elle l'invite à le suivre et il suivit donc, pas très loin. Une fois qu'ils se retrouvèrent dehors, il se permit de poser une question:

-Est-ce que tu habites loin d'ici?

Une petite question simple. Après quoi, ils vont chez elle à pied ou en prenant un taxi. Cael faisait confiance à Kaylyn. S'ils marchent, ils marchent à côté d'elle, sinon, hey bien il la suit outre part. Peut-être même qu'il avait une voiture à elle. Cael avait un permis de conduire lui, mais pas de voiture, ou plutôt, il n'en avait plus. En chemin, il observait un peu plus attentivement Kaylyn, cette femme mystérieuse qui l'avait fait entrer en boîte, pour finalement mieux l'en ressortir par après. Bientôt, il se retrouvera chez elle et il se préparait mentalement à ce qui y arriverait. Ça ne faisait aucun doute dans sa tête et cette idée lui plaisait, Kaylyn lui plaisait. Oui, il avait bien fait de la suivre.