« L'Hampton Inn a brûlé cette nuit. Selon les premières informations, plusieurs victimes seraient à déplorer : l'origine du drame n'a toujours pas été élucidée même si des pistes criminelles sont actuellement suivies par les autorités new-yorkaises. Les habitants du quartier partagent la souffrance des familles, mais ne peuvent pas dissimuler un certain soulagement. L'hôtel n'était pas réputé pour la qualité de sa clientèle, composée en grande partie de camés et il y avait même selon les rumeurs en son sein un réseau de prostitution. La police n'a pas voulu faire de commentaires à ce sujet. Une source désireuse de rester anonyme nous a déclaré que cet incendie était nécessaire pour le bien de la communauté. »
THE NEW YORK TIMES

Dolorès avait un corps de rêve. Dolorès était venue "l’accueillir", sans petite culotte. Adam était tombé sous le charme. Adam avait passé son temps libre entre les cuisses de la blonde. Elle avait dressé un bref panorama de sa condition sociale. Junkie. Nympho'. Pute. C'était un joli CV. Son mac la frappait. Pas au visage. Et il veillait à ne pas laisser de marque. Elle avait grandi dans une famille trop grande, impossible de faire des études. Durant un temps, elle avait essayé de donner le change : se faisant passer pour une étudiante, enchaînant les clients la nuit. Pour tenir le rythme : la drogue. Cocaïne, ecstasy — récemment, héroïne. Adam fumait ses clopes, écoutant des morceaux de sa vie sans chercher à les assembler. Son esprit le fit quand même.
Ses doigts, en caresses, passaient sur le corps de la jeune femme. Elle se réfugiait chez lui quand son boss la cherchait ; il planqua sa came chez elle, lui évitant lors d'une descente de police d'être alpagué. Johnson n'eut pas autant de chance : Johnson fut envoyé derrière les barreaux pour plusieurs chefs d'inculpations. État d'ébriété au volant. Insultes envers un agent de police. Coups et blessures envers un agent de police. Tentative de meurtre. Détention d'armes à feu. Possession de stupéfiants. Jackpot, au final. Adam devait lever les voiles. Il alla dire adieu à la blonde. Il la retrouva dans sa baignoire, nue, froide : à demi-consciente — overdose. Il la stimula. Il la frappa au visage. Le mac débarqua. Le mac l'insulta. Ils en vinrent à se battre dans la salle de bain délabré. Le lavabo céda. Les murs se firent enfoncer par le poids de leurs corps ; ils se projetaient l'un contre l'autre ; quelqu'un, quelque part, déclara qu'il allait appeler la police. La conscience d'Adam, encaissant des droites, des uppercuts, lui hurla de foutre le camp ; sur lui, il avait assez de came pour passer quinze vies en taule. Il fit reculer le mac en un coup de pied. Adam lui écrasa la figure contre un miroir, le faisant hurler et partir, paniquer, avec des bris de verre jalonnant son visage. Malgré la panique, il prit à nouveau le pouls de Dolorès. L'adrénaline le faisait trembler sur place. Il entendait "police". Il entendait "secours". La blonde fut traversée d’un léger frisson, ouvrant à peine les yeux et susurrant des mots inaudibles. Cela suffit à Adam comme preuves qu’elle n’était pas morte.

Adam retourna à son appart' en la transportant, balançant ses affaires les plus importantes dans un sac et préparant à grande vitesse son départ. Il mit le feu à l’immeuble juste avant de partir, histoire d’effacer définitivement toutes preuves possibles. Avec Dolorès, il arpenta une partie des Etats-Unis, employant l’argent de son commerce de drogues pour prendre du bon temps : et il travailla en parallèle progressivement sur l’idée de devenir un mac. Il laissa la blonde en « liberté » une fois qu’elle fut débarrassée de sa dépendance à la drogue, lui confiant son numéro « au cas où ». Ils en étaient venus à se rapprocher et il sentit le regret dans les yeux de Dolorès qu’il n’insiste pas davantage à ce qu’elle reste avec lui : Adam désirait cependant gagner à nouveau de l’argent et ne souhaitait pas engager la blonde à nouveau dans le domaine de la prostitution. Le lendemain soir, une brune lui proposa un verre au bar où il noyait son ennui : il mata son allure. Visiblement, elle était aux portes de la mort. Ils discutèrent, un peu. Puis ils baisèrent. Comme théâtre où la virginité de la malheureuse fut abattue, ce fut le sordide capot de sa bagnole à l’arrière du bar : puis contre un mur de briques où il sentit les ongles de la belle se perdre dans son tee-shirt, contre la peau de son dos. Au lieu de la laisser prostrée par terre, annihilée par la baise, il la ramena chez lui. Et sa « compagnie » ne fut pas éphémère. La demoiselle n’était, à ses yeux, pas le moins du monde à même de survivre plus longtemps à l’extérieur. Le monde, pour une poupée qui en vient pour survivre à devoir écarter les cuisses, est cruel. Dans la presse (partie nécrologie), il y avait régulièrement des nanas comme elle : des filles brisées, pompant des queues dans des ruelles sombres puis voyant la lame d’un cran d’arrêt s’égarait sur leur cou. Adam ne la laissa pas repartir. Personne ne voulait d’elle. Ayant fini à la rue, à squatter sur des bancs et dans des halls d’immeubles. Ses chances de survie impliquaient qu’elle ne passerait pas l’année — ni même le mois. Alors que si elle travaillait pour lui, en tant que prostituée, elle se voyait à même de posséder un avenir plus éloigné de la morgue. Adam débuta ainsi sa carrière de mac, voyant en ça malgré tout un job temporaire. Il songeait parfois futilement à reprendre dans la drogue. Mais il commençait à avoir un bon réseau de contacts, il en vint à agrandir son cercle de connaissances, remarquant que la « demande » pour perdre une trique entre des cuisses féminines était forte. Il laissa courir cependant le temps, entraînant sa première prostituée toujours un peu plus loin dans la débauche. Elle prenait confiance. La gamine qui tremblait en lui demandant si elle pouvait lui offrir un verre devenait une femme qui n’hésitait pas à se rapprocher de lui, à l’enlacer/caresser pour mieux ensuite en venir à des fins plus sexuelles. Adam l’upgrada / Adam lui offrit le pouvoir de diriger un homme là où elle le voulait. Se mordre la lèvre inférieure. Palper un de ses seins durant l’acte. Faire tomber négligemment ses vêtements. Adapter son langage. Il rendait les éléments « mécaniques » dans l’esprit de la jeune femme mais il n’y avait rien de cet ordre-là dans leur relation. La baise avait toujours un goût de première fois. Il cerna également un peu mieux la personnalité de la brune au fur et à mesure de son évolution, ne voulant rien oublier mais se voyant par la même dans l’obligation de tout savoir d’elle. Cela rendrait bien plus difficile les choses lorsqu’il devrait la mettre en « libre-service » mais Adam s’y préparait. Il comptait embaucher d’autres demoiselles lorsque les fédéraux furent à deux doigts de le serrer pour trafic de stupéfiants grâce à des preuves retrouvés à New-York. Il entraîna la jeune femme qu’il avait formé dans son sillage et ils s’éclipsèrent tout deux jusqu’à la frontière puis à Tijuana où Adam entama enfin sa carrière de mac.