Dans le pire, nous sommes capable du meilleur.

AZAZEL & ZEPHYR
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Le ciel était noir, mais les nuages gris venaient cacher quelque peu les étoiles du soir. Cependant, il faisait chaud. C'était une soirée d'été agréable comme je les aimais. Je marchais dans les rues de Tijuana d'un pas décidé. Habillé d'un pantalon en cuir slim, d'un marcel blanc, d'une veste en jean foncé et de bottes façon motarde, je circulais entre les différents commerces de la ville. On pouvait voir des marchands ambulants, clamant à haute voix leur spécialité du jour. D'autres venaient carrément vous aborder pour vous proposer différents objets - la plupart en toc - ou des épices variées. Je les laissais faire, tout en continuant mon chemin. Je ne me préoccupais pas de cela, j'avais mon esprit accaparé par autre chose. Je n'avais donc pas le temps de flâner dans les rues. Tout en continuant à marcher, les mains dans les poches de ma veste en jean ouverte, je quittais le quartier des classes moyennes pour pénétrer dans le quartier pauvre de la ville, les Bidonvilles. L'ambiance était très différente et cela n'étonnait personne. Les rues étaient sales, jonchées de détritus en tout genre. Une odeur nauséabonde me parvenait jusqu'aux narines, me donnant presque la nausée. Je pouvais voir quelques rats courir dans des flaques d'eaux qui longeaient les égouts.. J'affichais un léger rictus de dégoûts. J'avais beau avoir l'habitude de traverser le quartier des pauvres, je ne pouvais m'empêcher de détester les rats! Heureusement que j'étais en botte, ce qui ne m'aidait surtout quand je devais traverser un endroit où ne se trouvaient que de l'eau verdâtre. Des affiches étaient déchirées sur les murs, des papiers et chewing-gum se collaient au béton, des fils pour éteindre le linge étaient suspendus et accrochés aux fenêtres.

Je me trouvais en ces lieux pour une seule et unique raison. On m'avait appelé sur mon portable en me laissant un message. Azazel, tueur en série dont je suis devenue récemment sa complice, demandait à ce que j'aille dans le quartier pauvre de Tijuana, à un endroit bien précis. Il me demandait de me rendre à un endroit précis et de ne pas y bouger. Une information que j'avais parfaitement enregistré, ce pourquoi ma venue en ces lieux peu fréquentables. Azazel... cet homme est tout simplement un tueur en série! Oui, vous avez bien entendu. Un tueur me donnait rendez-vous tard le soir dans les Bidonvilles... alors qu'un humain sain d'esprit n'aurait même pas mis un pied dehors, pour ma part, je m'y rendais tranquillement avec une certaine joie. J'allais revoir "mon" tueur, comme j'aimais si souvent le dire. Totalement fascinée par les tueurs en série depuis longtemps, il ne m'était donc pas difficile de porter un très grand intérêt à Azazel... sans compter le fait qu'en plus d'être cinglé, il était terriblement séduisant! Après six mois de relation intense, on se retrouvait à se donner des rendez-vous nocturnes, la plupart du temps pour finir dans le même lit. C'était assez étrange surtout qu'on ne formait pas forcément un couple, mais on n'était pas non plus des personnes célibataires... aussi instable que mon esprit psychotique! Cependant, ce soir était bien différent. Ce soir... j'allais assister pour la toute première fois à un meurtre! Et cela est venue de ma propre décision, c'est bien moi qui ait demandé de le voir en action. Je souhaitais depuis longtemps analyser, décortiquer le meurtre d'un tueur fou, faire fasse à son chef-d'oeuvre. Avec un esprit comme le mien, on devrait m'arrêter et me jeter en prison! Mais je n'avais commis aucun crime, d'ailleurs, je ne le désirais pas vraiment, pas de suite. Je ne me sentais pas prête, je n'avais pas forcément ce désir incontrôlable et Azazel repoussait d'ailleurs l'échéance. Etonnement que cela puisse paraître, il prenait soin de moi, à sa manière.

Arrivée à l'endroit indiqué, j'arrêtais de marcher pour m'asseoir sur le bord d'une marche. Il y avait un petit escalier en pierre - environ huit marches - qui était rattaché à une porte. Normalement, derrière cette porte devrait se trouver toute une famille de pauvres, un type pas fréquentable ou tout simplement une maison abandonnée. Je tournais la tête pour regarder en hauteur le bâtiment. C'était une grande maison, délabrée certes, mais grande. Il devait y avoir plusieurs pièces. Je passais une main dans mes cheveux qui étaient en bataille. J'avais sur moi une dague – une manie chez moi, il fallait que je sorte avec une lame que cela soit un poignard, une dague ou un couteau de boucher! Je posais donc mes coudes et mes avant-bras sur la marche de l'escalier, pour me retrouver penchée vers l'arrière. Je regardais le ciel et les nuages, sans un bruit. Je n'avais plus qu'à attendre Azazel quand ce dernier fit son apparition au loin. Je reconnaîtrais entre mille sa silhouette si familière. Je me levais donc pour me diriger vers lui, sourire aux lèvres, coeur commençant à battre un peu plus rapidement que tout à l'heure. Il me faisait de l'effet et j'en étais totalement accroc! Et même si mon comportement envers lui était explicite, il m'arrivait de ne rien montrer. Je ne voulais pas paraître trop envahissante ou l'ennuyer ou autre chose qui pourrait signer mon abandon. « Bonsoir Zéphyr... Comment tu vas ? J'espère que tu n'as croisé personne en route. » Sa voix me fit comme un électrochoc. Suave, douce, grave... cette chaleur qu'il mettait dans ses intonations me faisait du baume au coeur. Je ne pouvais me retenir de sourire, les yeux pétillants, contemplant son visage aux traits parfaits. « Je vais bien... personne n'est venu m'aborder, ne t'en fais pas... » disais-je d'une voix rassurante avant de poser délicatement mes deux mains quelques peu recroquevillés sur son ventre. Il fallait que j'ai un contact physique, n'importe lequel «Bonsoir toi... » finissais-je par dire dans un sourire aimant. J'étais vraiment accroc et ce soir-là n'allait pas déranger à la règle! J'en étais même à oublier notre venue en ces lieux. « Alors... Prête ? » Je réfléchissais quelques secondes avant de comprendre qu'il parlait de s'en prendre à une nouvelle personne, sa nouvelle victime qu'il fera le plaisir de tuer à petit feu sous mes yeux. La curiosité malsaine qui m'habitait me poussait à vouloir observer cette scène, même si une certaine appréhension me parcourait. Je hochais légèrement la tête de haut en bas en signe de confirmation « Je peux le voir? » demandais-je avec envie. Il savait pertinement de qui je parlais, enfin, plus précisement de quoi. Cet objet scintillant qu'il portait toujours à sa ceinture... il fallait que je le vois, j'aimais observer cet objet qui lui tenait tant à coeur au point de la cajoler. Oui, j'étais spéciale.